La consolidation des anciennes demeures se poursuit
L’appui des partenaires vivement sollicité
«Les projets réalisés par l’Agence de dédensification et de réhabilitation de Fès (Ader) ne se limitent pas à deux projets tels qu’indiqués dans le rapport de la Cour des comptes». Les propos sont de Fouad Serrhini, directeur de l’Agence. Selon lui, le bilan de son établissement est plus étendu que cela. «Nous pouvons citer à titre d’exemple, la restauration des réseaux d’eau et des fontaines, la reconstruction de Dar Al Mouakkit financée par SM la Reine du Danemark, le programme de confortement du bâti menaçant ruine réalisé entre 1993 et 1999 en partenariat avec la Commune urbaine», ajoute-t-il.
Sans oublier la restauration de la place et des portails Bab Makina, la direction du projet de restauration du fondouk Nejjarine financé par la Fondation Karim Lamrani, la participation avec le ministère de la Culture et l’Unesco à la restauration de Dar Adiyel, l’initiation et le cofinancement du quartier artisanal Aïn Nokbi, le montage et le suivi des projets conduits par la Préfecture de Fès dans le cadre du PDRT (murailles, renforcement des circuits touristiques…), la restauration de la Medersa Attarine…
Pour ce qui est de l’appui à la réhabilitation, ce projet a concerné 268 bâtisses ainsi que les façades de 26 ruelles touchant 547 bâtisses, ceci pour un coût global de 8,864 millions de DH.
Par ailleurs, l’Ader a réaménagé les circuits touristiques. «Les objectifs de ce projet ont été largement atteints», explique Serrhini. Pour lui, les circuits réalisés ont été une référence importante du Plan de développement régional touristique (PDRT). Il n’était pas prévu que l’amélioration de l’environnement touche tous les monuments de la Médina. Cependant, ce projet a induit par la suite des investissements importants pour le renforcement des circuits touristiques réalisés, notamment dans le cadre du PDRT.
En outre, l’Ader a mené un large programme d’habitat. Dans ce chapitre, il a été procédé à une grande opération d’étaiement. Le but étant de stopper l’hémorragie des effondrements des vielles demeures de la médina et qui, chaque année, faisaient en moyenne 5 victimes. En l’espace de 6 mois, et juste après l’effondrement de la mosquée Aïn El Khayl qui avait fait 11 morts, près de 1.200 opérations d’étayage ont été réalisées à raison de 200 opérations par mois. Résultat: depuis cette date, on n’a constaté ni effondrement significatif, ni victime. On peut dire que la médina de Fès a été sécurisée provisoirement pendant 4 années.
Mais la Cour des comptes avait relevé des anomalies au niveau des procédures d’acquisition du bois d’étaiement. «Tout à fait normal, puisque les responsables de l’Agence opéraient dans l’urgence pour éviter la perte de vies humaines». Toutefois, «il n’y a jamais eu de commande non formalisée par écrit. Sans la démarche adoptée, les 1.200 bâtisses n’auraient jamais été étayées dans le temps record de 6 mois». De plus, dans le cadre de ce projet, l’Ader a fait intervenir 8 fournisseurs de matériaux et 8 fournisseurs de main d’œuvre.
Et l’action de l’Ader ne s’est pas arrêtée là. «Nous avons instauré des commissions de vigilance et de gestion des risques qui effectuent des campagnes de visites techniques et de contrôles qui ont permis de classer les bâtiments par degré de danger», souligne le responsable de l’Agence. Le travail de ces commissions a pu faire éviter des drames. Elles ont incité des occupants/propriétaires à bénéficier de la formule d’aide de 50%. Cependant, le rythme de cette opération est assez lent. Il demeure cependant que les étaiements sont provisoires, encombrants et dérangeants (pour les habitants, pour les passants, les touristes, etc.), et donnent des signes alarmants de fatigue, sans compter les différents actes de vandalisme et de vol auxquels ils sont soumis parfois. D’où l’accélération de la seconde phase du projet, et qui concerne les actions de consolidation et d’enlèvement des étaiements. Celle-ci a été entamée suite à l’amendement de la convention avec le ministère de l’Habitat. A signaler aussi qu’une convention a été signée entre la ville de Fès et la fondation du groupe Addoha pour financer la restauration de la médina à hauteur de 180 millions de DH
L’autre projet passé au crible par la Cour des comptes est celui relatif à la réalisation des lotissements Ryad Aïn Chkaf. A cet égard, l’Ader rassure sur le respect du cadre réglementaire et déontologique en vigueur. Chaque prestataire de service aurait assumé sa pleine responsabilité dans l’exécution de ces deux projets, l’architecte maître d’œuvre concepteur du projet, le BET ayant assuré le suivi de l’exécution des travaux, le laboratoire ayant suivi la qualité des ouvrages et qui n’est autre que celui qui a accompagné la Cour des comptes dans sa mission, et finalement l’entreprise qui a exécuté les travaux.
Quant à l’Ader, son rôle en tant que maître d’ouvrage consistait essentiellement à mener les actes de gestion des deux projets en respect des responsabilités des uns et des autres, par exemple les décomptes définitifs n’ont été payés à l’entreprise qu’une fois validés et signés par le BET, conclut Serrhini.
De notre correspondant,
Youness SAAD ALAMI
Source : L’économiste